Le premier ministre irakien rencontrera mardi en Turquie le président Recep Tayyip Erdogan pour évoquer les barrages turcs sur le Tigre et l’Euphrate et la présence du PKK dans le nord de l’Irak, a-t-on appris de source gouvernementale lundi. Le Figaro rapporte du 20 mars 2023.
Pour cette première visite en Turquie depuis son accession au pouvoir en octobre 2022, Mohamed Chia al-Soudani sera «reçu officiellement par le président turc, Recep Tayyip Erdogan», a indiqué à l’AFP un conseiller du chef du gouvernement irakien sous couvert d’anonymat. «Les deux dossiers principaux sont l’eau et la présence du PKK dans le nord de l’Irak», a-t-il ajouté.
Mieux utiliser les ressources
L’Irak souffre d’une baisse alarmante du niveau de ses deux fleuves mythiques, le Tigre et l’Euphrate, qui prennent leur source en Turquie voisine. Bagdad accuse régulièrement la Turquie et l’Iran de réduire considérablement le débit des cours d’eau vers l’Irak à cause des barrages construits en amont. Les statistiques officielles le confirment : le niveau du Tigre, quand il arrive de Turquie, n’était en 2022 qu’à 35% de la quantité moyenne qui se déversait en Irak au cours des 100 dernières années.
Le phénomène est accentué par un déficit de précipitations ces dernières années et de mauvaises pratiques d’irrigation en Irak avec une exploitation à outrance de l’eau des fleuves. Face aux critiques, l’ambassadeur turc en Irak, Ali Riza Güney, a appelé l’été dernier les Irakiens à «utiliser l’eau disponible de manière plus efficace». «L’eau est largement gaspillée en Irak», ajoutait-il dans un tweet.
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D’après la source gouvernementale, le premier ministre irakien doit aussi évoquer avec Recep Tayyip Erdogan la présence des combattants kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui disposent de bases arrières dans le nord de l’Irak. Dans cette région, la Turquie mène régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes contre le PKK, qu’elle et ses alliés occidentaux considèrent comme «terroriste».
Ankara a aussi installé depuis 25 ans plusieurs dizaines de bases militaires au Kurdistan irakien, qui n’a d’autre choix que d’accepter cette présence. En juillet 2022, des frappes d’artillerie imputées à Ankara contre une aire de loisirs du Kurdistan d’Irak avaient tué neuf civils parmi lesquels des femmes et des enfants. La Turquie avait nié toute responsabilité et accusé le PKK.