Lors d’une visite au Caire samedi, le ministre turc des Affaires étrangères a annoncé une rencontre prochaine entre les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, « après les élections » turques. France 24 rapporte le 19 mars 2023.
Vers la fin d’une décennie de brouille diplomatique entre la Turquie et l’Égypte ? C’est en tout cas l’objectif affiché lors de la conférence de presse qui s’est tenue au Caire, samedi 18 mars, entre le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, et son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu.
Ce dernier a dit « vouloir restaurer les relations diplomatiques entre les deux pays au plus haut niveau », expliquant qu’il « est possible que l’on soit en désaccord dans le futur mais nous ferons tout pour éviter de rompre nos relations à nouveau ».
Sameh Choukri a lui confirmé l’existence d' »une volonté politique émanant des présidents des deux pays (…) visant à normaliser leurs relations ».
Rencontre Erdogan-Sissi
Durant la conférence de presse, Mevlüt Çavuşoğlu a assuré qu' »après les élections » turques, dont la présidentielle prévue le 14 mai, « notre président (Recep Tayyip Erdogan) rencontrera le président Sissi« .
« Nous avons ouvert une nouvelle page dans nos relations avec l’Égypte, avec qui nous avons des liens profonds », a indiqué sur Twitter le ministre turc.
Les États-Unis ont, de leur côté, « salué » cette visite, « une étape importante pour la stabilité et la prospérité de la région » a déclaré, samedi, sur Twitter, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Rupture des relations en 2013
Les relations entre Ankara et Le Caire avaient été brutalement rompues après l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en 2013. La destitution par ce dernier du premier président démocratiquement élu d’Égypte Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et grand allié de la Turquie, faisait alors répéter au président Erdogan qu’il ne parlerait « jamais » à « quelqu’un comme » Abdel Fatah al-Sissi.
Au lendemain du séisme du 6 février qui a fait près de 48 500 morts en Turquie, les deux hommes s’étaient toutefois parlé par téléphone après avoir échangé leur toute première poignée de main en novembre, à la Coupe du monde au Qatar, un autre pays avec lequel l’Égypte a récemment renoué après l’avoir accusé de proximité avec les Frères musulmans.
Et Mevlüt Çavuşoğlu avait reçu son homologue égyptien fin février en Turquie, après le tremblement de terre.
Des intérêts divergents
Sur le plan commercial, les échanges entre l’Égypte et la Turquie n’ont jamais cessé : ils sont passés de 4,4 milliards de dollars en 2007 à 11,1 milliards de dollars en 2020, note le centre de recherche Carnegie. En 2022, Ankara a même été le premier importateur de produits égyptiens pour une valeur de quatre milliards de dollars.
Mais les désaccords demeurent entre les deux capitales, Istanbul étant devenue « la capitale » des médias arabes critiques de leurs gouvernements, en particulier ceux proches de la confrérie des Frères musulmans, considérés comme « terroristes » par Le Caire.
Et les intérêts du Caire et d’Ankara divergent également en Libye, où la Turquie a envoyé conseillers militaires et drones contre le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, soutenu notamment par l’Égypte.