Le président russe, Vladimir Poutine, a reçu, mercredi, à Moscou, le dirigeant syrien, Bachar al-Assad, au moment où le Kremlin accentue ses efforts pour réconcilier la Turquie et la Syrie et affirmer son poids diplomatique malgré son isolement sur l’Ukraine, rapporte France 24 du 16 mars 2023.
Un entretien très attendu entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue syrien, Bachar al-Assad, a débuté, mercredi 15 mars, à Moscou, au moment où le Kremlin s’efforce de réconcilier la Syrie et la Turquie.
Au début de cette rencontre diffusée à la télévision russe, Vladimir Poutine a salué le « développement » des relations entre Moscou et Damas et souligné que la Russie continuait d’apporter une aide humanitaire à la Syrie après le séisme qui a frappé ce pays et la Turquie voisine le mois dernier.
Ces efforts interviennent alors que les cartes diplomatiques ont été rebattues de façon spectaculaire au Proche-Orient avec le rétablissement, parrainé par Pékin, de relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Pour le Kremlin, orchestrer une réconciliation entre la Turquie et la Syrie, brouillées depuis 2011, permettrait d’afficher le poids diplomatique de Moscou malgré son isolement en Occident depuis son offensive en Ukraine.
La rencontre entre Vladimir Poutine et Bachar al-Assad a débuté vers 14 h GMT, selon des images retransmises à la télévision russe. Plusieurs ministres participaient à cette réunion, qui sera suivie d’un tête-à-tête entre les deux dirigeants.
« Nous sommes en contact permanent et nos relations se développent », a déclaré Vladimir Poutine au début de l’entretien, saluant les « résultats importants » obtenus par Moscou et Damas dans la « lutte contre le terrorisme international ».
De son côté, Bachar al-Assad a exprimé son soutien à l’offensive militaire que mène Moscou en Ukraine et a dit espérer que sa visite marquerait « une nouvelle étape dans les relations syro-russes ».
Mais l’un des principaux sujets au menu de cette rencontre devrait être le processus de réconciliation entre Ankara et Damas que Moscou cherche à accélérer, en organisant notamment un sommet avec Bachar al-Assad et le président turc Recep Tayyip Erdogan.
« Les relations entre la Turquie et la Syrie vont certainement être affectées d’une manière ou d’une autre » par les discussions entre MM. Poutine et Assad, a ainsi déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Rencontre Erdogan-Assad ?
Arrivés au pouvoir au début des années 2000, Recep Tayyip Erdogan et Bachar al-Assad ont d’abord noué des relations cordiales, après des décennies de tensions entre leurs pays.
Mais après le début du conflit en Syrie, qui depuis 2011 a fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés, Ankara a soutenu des groupes rebelles cherchant à renverser le régime syrien, soutenu lui par Moscou et Téhéran.
Malgré leurs intérêts divergents en Syrie et l’appartenance de la Turquie à l’Otan, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont étroitement coopéré ces dernières années, ce qui explique le rôle de Moscou dans la tentative de réconciliation turco-syrienne.
Des diplomates de la Russie, de la Turquie, de la Syrie et de l’Iran doivent d’ailleurs se réunir cette semaine à Moscou pour préparer une rencontre entre leurs ministres des Affaires étrangères, avant un éventuel sommet présidentiel.
Fin décembre, les ministres turc et syrien de la Défense s’étaient déjà réunis à Moscou avec leur homologue russe, une première depuis 2011.
Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois dit ces derniers mois être prêt à rencontrer Bachar al-Assad pour sceller le dégel des relations. « La rancune et le ressentiment n’existent pas en politique », avait déclaré en novembre le dirigeant turc.
Mais des questions épineuses doivent encore être résolues, notamment concernant la présence militaire turque dans le nord de la Syrie, où Ankara a mené plusieurs incursions depuis 2016, contre des groupes jihadistes et kurdes.
Un rapprochement pourrait toutefois être favorisé par le double séisme qui a frappé en février la Turquie et la Syrie, faisant plus de 50 000 morts et aidant Damas à sortir quelque peu de son isolement diplomatique.
Recep Tayyip Erdogan et Bachar al-Assad partagent également une hostilité envers les groupes kurdes qui contrôlent le nord-est de la Syrie, et que les Occidentaux ont soutenus contre le groupe État islamique.
Damas a ainsi vivement dénoncé la visite, début mars, du chef d’état-major américain dans le nord-est tenu par les forces kurdes.