Par perspectivemeds.com du 11 mars 2023. En Turquie, à un peu plus de deux mois des élections législatives et présidentielle, le lancement officiel de la campagne électorale a démarré vendredi, avec un enjeu pour l’opposition : mettre fin à 20 ans de pouvoir de Recep Tayyip Erdogan. Paris qui parait difficile à relever face aux divergences nées de la désignation du leader de l’opposition.
Après onze ans à la tête du gouvernement puis neuf ans à la tête de l’État, R. T. Erdogan doit faire face cette année à une coalition d’opposition très remontée, qui démarre la campagne avec optimisme : un premier sondage donne en effet 14 points d’avance à son rival Kemal Kiliçdaroglu. Un candidat désigné il y a quelques jours seulement, après de longues et difficiles tractations entre les partis réunis au sein de la Table des Six. Et qui est déjà contesté !
Pour autant, l’issue du scrutin n’est pas jouée. Le président sortant doit affronter les virulentes critiques de l’opinion publique après les ratés de la réponse au séisme dévastateur du 6 février, comme il doit répondre d’une situation socio-économique déplorable marquée au feu de l’inflation et de l’effondrement de la monnaie qui pèsent sur le quotidien de millions de Turcs.
Sans compter que le 14 mai, le HDP pro-kurde pourrait apporter son soutien à la coalition de la Table des Six. La justice a débloqué les aides publiques au HDP. Le parti pro-kurde, troisième force politique du pays, accusé d’être lié au PKK le Parti des travailleurs du Kurdistan qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux, va donc retrouver un peu plus de 27 millions d’euros de fonds qui devaient lui être attribués cette année. Certains analystes lui prêtent un rôle crucial dans le résultat de l’élection, mais le parti reste menacé de fermeture, il doit être entendu par la justice dans les jours qui viennent.
En face, R. T. Erdogan ne manque pas d’atouts – dont des médias et une société civile corsetés, une certaine aura qui continue de séduire une partie de la population et une stature internationale renforcée par le conflit en Ukraine.