« La Suède et la Finlande poursuivront ensemble leur chemin vers l’OTAN malgré le blocage « frustrant » que la Turquie fait subir à la Suède, ont déclaré jeudi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et son homologue finlandaise Sanna Marin » rapporte Charles Szumski dans EURACTIV du 3 février 2023.
Recep Tayyip Erdoğan a laissé entendre qu’il ne soutiendrait désormais que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, mais pas celle de la Suède. Cela fait suite à un événement qui s’est déroulé le 21 janvier, lorsque le ressortissant suédois d’origine danoise Rasmus Paludan a fait brûler un Coran près de l’ambassade de Turquie à Stockholm. Cet événement a donné lieu à des manifestations dans le monde musulman et a suscité la colère d’Ankara.
Stockholm a aussi refusé d’expulser quelque 130 Kurdes que la Turquie estime responsables du coup d’État avorté de 2016.
La Turquie retarde actuellement sa décision de valider la candidature de la Suède à l’OTAN et son président, M. Erdoğan, a adressé un ultimatum en début de semaine. En effet, celui-ci a déclaré que la Suède devait modifier ses lois pour interdire la pratique consistant à brûler les Corans.
Helsinki a fait savoir cette semaine que la Finlande se tenait aux côtés des Suédois. La Première ministre finlandaise Sanna Marin a envoyé un message clair lors de sa visite à Stockholm jeudi (2 février).
« Le chemin [vers l’OTAN] doit s’effectuer main dans la main, comme nous l’avons commencé », a déclaré Mme Marin. Elle a ajouté que la Suède, comme la Finlande, remplissait toutes les conditions pour que sa candidature à l’OTAN soit approuvée.
« Je n’aime pas l’atmosphère qui prévaut, dans laquelle la Suède est dépeinte comme un fauteur de troubles », a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s’est fait l’écho de son homologue finlandaise en déclarant que la Finlande et la Suède ont « commencé le voyage ensemble » et qu’elles le mèneront à bien ensemble. Il a toutefois ajouté qu’il « comprend et partage la frustration » causée par la lenteur du processus, tout en appelant au calme.
La visite officielle de la Première ministre finlandaise s’inscrit dans un contexte général d’exaspération des pays nordiques à l’égard de M. Erdoğan. Deux autres pays nordiques de l’OTAN sont intervenus jeudi pour soutenir la Suède dans le processus d’adhésion à l’OTAN — le Premier ministre travailliste norvégien Jonas Gahr Støre et la ministre islandaise des Affaires étrangères, Þórdís Kolbrún R. Gylfadóttir.
« À Madrid, l’année dernière, tout le monde s’est mis d’accord pour se diriger vers la ratification de l’adhésion de la Suède et de la Finlande. Je maintiens cette position », a déclaré M. Støre dans un entretien accordé à la radio NRK. Il a également souligné que les nouvelles exigences turques concernant la liberté d’expression de la Suède ne méritent pas d’être prises en considération.
« La Suède a notre soutien total et le président M. Erdoğan le sait, mais il est également important d’éviter une escalade du conflit », a ajouté le Premier ministre norvégien.
La ministre islandaise des Affaires étrangères, Mme Kolbrún R. Gylfadóttir, a elle aussi déploré l’évolution de la position de la Turquie à l’égard de la demande de la Suède.
EURACTIV du 3 février 2023, par Charles Szumski.