« Accusé d’insulte envers les membres du Conseil électoral suprême (YSK), pour les avoir qualifiés de “crétins” Ekrem İmamoğlu, actuel maire d’Istanbul metropole , a été condamné à 2 ans, 7 mois, 15 jours de prison avec sursis. Un appel est déposé. Ainsi, le chemin d’une interdiction de politique lui est ouvert. Les discussions et polémiques sur ce sujet se poursuivent donc avec intensité, puisqu’il apparaissait comme candidat possible à la présidence de Turquie » rapporte Ercan Jan Aktaş dans Kedistan du 17 décembre 2022.
Mais ce qui est maintenant certain, c’est que le “Palais” a déclaré son plan d’une façon encore plus active.
Bien que certains journalistes et sources proches du régime, et certains députés de l’AKP, continuent d’utiliser des phrases telles que “ce n’était pas si bon pour nous”, la décision d’hier ne peut pas être une décision prise à l’extérieur du Palais.
La question la plus discutée est qu’avec lcette décision, le “Palais” a choisi de désigner Ekrem İmamoğlu comme candidat présidentiel d’opposition préféré au nom de la “Table des Six”, coordination politique établie en février 2022, par le Parti républicain du peuple (CHP), le Bon Parti (IYI), le Parti de la félicité (SP), le Parti démocrate (DP), le Parti de la démocratie et du progrès (DEVA) et le Parti du futur (GP), c’est à dire tout ce qui “s’oppose” pour la conquête du pouvoir, face à la coalition actuelle. Le HDP s’est bien sûr tenu à l’écart.
Il n’y a pas d’empêchement à dire qu’İmamoğlu est le candidat d’une alliance nationale et nationaliste, et quelque part le candidat de “l“État sacré”… L’ancienne ministre de l’Intérieur (1996–1997) et présidente du Bon Parti, Meral Akşener est bien sûr, l’une des personnes les plus satisfaites de la décision de cette candidature désignée. La République de Turquie poursuivrait ainsi son chemin habituel, en entamant son deuxième siècle d’existence, le 29 octobre 2023, autour du dénominateur commun décrit par la devise bien connue “Si la question est la Patrie, le reste n’est que détails”, alliant aujourd’hui, souverainistes et membres de l’Alliance de la nation, coalition électorale de 2018.
Evidemment, ce qui lie les segments politiques souverainistes, nationalistes, peu importe qu’ils soient du côté du régime ou opposants, c’est “la peur des Kurdes”. Nul ne souhaite, en aucun cas, être confronté à ses crimes passés ou ses lâchetés actuelles, ni que ces crimes soient clairement dénoncés. La République turque, n’a pas d’autre plan, aucune approche pour résoudre le problème kurde, ni d’ailleurs, un plan de solution en ce qui concerne les travailleur.es, les femmes, les minorités.
Il n’y a rien que cette unité ne puisse faire, sauvegarder les domaines de privilèges et de rentes, qu’elle maintient grâce au “monisme”, bâti sur la base de la “race” turque fantasmée, de la turcité et de l’islam sunnite.
Cette intelligence étatiste est effrayée même devant les propos de Kemal Kılıçdaroğlu, président du CHP, qui ose un petit élan bien mièvre “nous ferons face au passé, aux crimes de l’état”.
Pour ces raisons, İmamoğlu qui ne déviera jamais d’un pouce de la fameuse devise “Si la question est la Patrie, le reste n’est que détails”, qui suivra en quelque sorte le chemin traditionnel sans créer de problème, devient bel et bien le candidat d’Etat le plus approprié pour les prochaines élections, pour la survie de la turcité éternelle, si le régime ne parvient pas à lui barrer la route.
Cette condamnation est à la fois un essai pour le combattre, et une reconnaissance du Palais qui le légitimise ainsi.
A moins de 15j de 2023, chaque jour réservera certainement ses “surprises”.
Kedistan, 17 décembre 2022, Ercan Jan Aktaş